Ça y est ! Le chantier est lancé !
La veille du rendez-vous de démarrage, j’étais un peu stressée je dois dire.
J’avais revu tous les détails des plans les jours précédents (ou plutôt les nuits précédentes pour être exacte)
Parce que c’est vrai que c’est une nuance importante par rapport à la situation que vivent mes clients : c’est moi qui conçois mes propres plans, donc j’ai le contrôle dessus. Et la responsabilité qui va avec.
Là où un particulier qui fait appel à un architecte doit travailler sur sa capacité à lâcher prise et faire confiance dès la conception, pour moi, cette notion n’intervient que maintenant.
Dans le passage de flambeau à l’entrepreneur.
Car oui, j’ai beau avoir dessiné les plans, ce n’est pas moi qui vais les réaliser concrètement !
Un projet de rénovation, c’est une jolie confrontation à notre capacité à lâcher prise.
Ça révèle en miroir notre besoin de contrôle.
Et comme dans tout, il y a un juste milieu à trouver.
Parce qu’il y a ce qu’on peut contrôler, ce qu’on doit contrôler et ce qu’on doit aussi accepter de lâcher.
Parce qu’il y aura toujours les imprévus du chantier. Les bonnes ou mauvaises surprises. Qu’on ne pouvait pas forcément anticiper.
C’est peut-être ça qui a été le plus pesant pour moi ces derniers temps. Cette volonté de vouloir absolument TOUT anticiper.
Alors que de fait, certaines choses vont se caler au fur et à mesure du chantier.
Par exemple, je n’arrive pas à me décider sur la teinte exacte de certaines couleurs du projet. Mais tant que nous n’aurons pas fait d’essai in situ, je ne pourrais pas trancher, car je n’aurai pas le paramètre de luminosité de la pièce.
Donc au lieu de m’arracher les yeux sur mon nuancier de couleur, j’ai fini par accepter que cela se décidera un peu plus tard. Et que c’est OK.
Bien sûr que certaines choses doivent être anticipées : certaines commandes de matériaux, les emplacements de prises électriques par rapport au mobilier, les dimensions des zones de circulation, et j'en passe... Mais beaucoup de choses s'ajustent aussi au gré de l'avancement des travaux.
Toujours est-il que le matin du démarrage, j’ai été soulagée.
Soulagée que ça commence enfin. Soulagée de voir l'entrepreneur vérifier plusieurs points avec moi. Rassurée qu'il me pose les bonnes questions.
Tout cela est venu renforcer ce sentiment de confiance qui a contribué à ce que je les choisisse eux plutôt qu'une autre entreprise.
Et la confiance, c’est primordial !
Pas la confiance naïve et aveugle, mais la confiance saine et mature.
Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de couacs, mais partir avec un sentiment de confiance réciproque, c’est savoir que chacun va faire de son mieux et que même en cas d'aléas, chacun fera de son mieux pour résoudre le problème.
Et ça, ça n’a pas de prix !
Parce que si l’on se lance dans une collaboration sans confiance, en étant suspicieux, on risque de sur-contrôler absolument tout. Et cet excès de contrôle va peu à peu créer des tensions dans la relation. Et de fil en aiguille, c’est le meilleur moyen que nos angoisses deviennent réalité, puisqu’un entrepreneur sous-pression est plus à même de se tromper qu’un entrepreneur serein qui peut faire son travail dans de bonnes conditions. En tous cas, c'est ma vision des choses.
Alors oui, la confiance n’exclut pas le contrôle, mais tout est une question de juste équilibre.
Comme le lâcher prise ne signifie pas se désengager du projet.
En tant que client, même quand on délègue la réalisation d’un chantier, on reste le maitre d’ouvrage. Avec son lot de devoirs et responsabilités, comme celle de fournir les informations demandées par les intervenants, ou de trancher face à plusieurs options proposées.
Déléguer la réalisation de son projet, c’est un partenariat, pas un abandon.
Tout ça pour dire : mon chantier a démarré.
Et je suis confiante et sereine. Tout va bien se passer. D’ailleurs j’ai senti que mon appartement aussi l’était. Serein. Je lui parle parfois, pour le rassurer. Mais l’autre jour, en profitant de quelques instants en tête à tête, je l’ai senti bien. J’ai retrouvé ses bonnes ondes, sa vibration qui m’apaise. Et j’ai senti qu’il était prêt à faire sa mutation. Comme moi.