Je ne vais pas vous le cacher – je ne pensais pas qu’il y aurait autant d’épisodes à ce Journal d’une Transformation Intérieure.
Tout du moins, je ne pensais pas que je serai encore en train de vous écrire à ce sujet à quelques jours de Noël.
Mais la vie est pleine d’imprévus et mon chantier n’échappe pas à la règle.
Et je vais être honnête : je ne le vis pas très bien.
C’est long. Et ça me pèse.
Ma charge mentale explose, mon système nerveux est au bout du rouleau, mon énergie perdue quelque part entre deux décisions à prendre et deux compromis à accepter…
Ce ralentissement dans la finalisation de mon chantier, il me confronte à mon pire démon : mon perfectionnisme et mon obsession du contrôle.
Et c’est dur.
Je n’avais peut-être pas réalisé jusque là, à quel point j’ai besoin de contrôler. Mais ces circonstances particulières me font prendre conscience de ma tendance obsessionnelle de manière un peu brutale.
C’est simple, plus le chantier a été retardé, plus j’ai eu le sentiment de perdre le contrôle sur ce qui se passait, et plus je me suis crispée sur les moindres détails dans une illusion de le garder, ce contrôle.
Plus je contrôle, moins je contrôle.
Tout a commencé par un retard sur la réalisation des menuiseries.
Comme je n’avais aucun pouvoir sur ce timing, inconsciemment, j’ai commencé à essayer de reporter mon besoin de contrôle sur autre chose.
Et c’est comme ça que j’ai commencé à développer une véritable obsession pour l’éclairage de l’appartement.
J’avais rationnellement de très bonnes raisons de m’en préoccuper.
Après avoir passé autant de temps à choisir avec application mes peintures, je voulais un éclairage qui les mette en valeur. Je ne sais que trop bien qu’un mauvais éclairage peut ruiner le rendu d’une couleur ou d’une matière.
D’autant plus que dans un studio à l’exposition Nord, je sais l’importance d’une lumière de qualité pour éviter la déprime hivernale.
J’ai donc passé un temps fou à choisir dans les moindres détails les types d’ampoules, de température d’éclairage, d’intensité, fixe ou variable, pour chaque élément d’éclairage de mon appartement.
Mais, alors que j’avais déterminé avec soin tous ces éléments, survient LA boulette.
L’entrepreneur m’annonce qu’ils ont oublié de prévoir l’emplacement du bandeau LED pour la banquette.
Un oubli, qui se transforme en angoisse de mon côté, puis en fixette quand je découvre la solution qu’ils ont apporté… et qui ne me convient pas du tout !
Pour autant, je dois me rendre à l’évidence. Les limitations techniques sont bien là et en tant qu’ingénieure de formation initiale, je ne peux les nier… Il faut donc envisager des compromis acceptables… même si ce n’est pas ce que je préfère.
Qu’à cela ne tienne, je reporte mon besoin de contrôle sur le type de bandeau LED… jusqu’à ce que mon entrepreneur me dise que le modèle choisi n’est pas compatible avec l’encastrement prévu…
Bref, plus je contrôle, moins je contrôle, belle illustration des boucles de contrôle en systémie (chères à mon amoureux qui m’a initié au concept !)
Alors que faire, puisque je n’ai plus vraiment de contrôle sur ce sujet ? Déplacer mon besoin de contrôle ailleurs ! (Si si, je vous jure, c’est la recommandation systémique pour sortir d’une boucle de contrôle ! Ne me remerciez pas du conseil, c'est cadeau ! 😅)
Ça tombe bien, il y a 1000 autres sujets à essayer de contrôler dans ce projet !
Après les luminaires, je déplace donc mon obsession sur ma table de salle à manger (enfin, mon coin repas, hein, évidemment que dans 22m² je n’ai pas de « salle à manger » 🙈)
J’avais en tête un modèle de table « Tulipe » depuis longtemps, et c’est d’ailleurs ce que j’avais intégré à mes plans et 3D. Mais bien entendu, il y a la 3D et puis il y a la réalité.
Et en appréhendant les nouveaux volumes de mon appartement, je m’aperçois que l’espace de circulation où se positionnera la table n’est pas si grand que ça. Si je veux garder une certaine fluidité, il me semble donc essentiel de trouver un autre modèle.
Et c’est comme ça que je me retrouve à écumer les sites de mobilier pour trouver LA table. Je suis même à deux doigts de la faire fabriquer sur-mesure tellement ça vire à l’obsession de la table parfaite !
Heureusement, je peux compter sur mes proches pour m’aider à relativiser et lâcher un peu prise sur mon perfectionniste… Je finis donc par trouver UNE table. Certes pas celle que j’imaginais initialement, mais une table qui devrait faire l’affaire. 🫠
Et, je vous épargne mon obsession similaire pour trouver les tabourets de bar pour l’îlot de la cuisine.
Bref, ce chantier me confronte à moi-même.
Il me rappelle que la réalité est bien souvent différente du rêve, mais que ce qui compte dans le fond, c’est qu’elle existe vraiment, contrairement au rêve.
Alors oui, parfois (souvent), il faut réajuster. Adapter. Changer. Faire évoluer une idée qu’on avait quand elle n’est pas possible à réaliser.
Mais c’est surtout la parfaite occasion de voir qui je suis quand ça ne se passe pas comme prévu.
Ça ne fait pas toujours plaisir, ce n'est pas franchement agréable à vivre, mais c'est une vraie leçon ! Ainsi, je découvre que mon côté obsessionnel peut-être autant une vraie force, celle de la détermination, mais aussi une vraie faiblesse, liée à la difficulté à renoncer.
C’est fatiguant, c’est éprouvant, mais ça me fait grandir encore un peu d’une certaine façon.